LES THROMBOSES VEINEUSES

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On recense chaque année en France entre 50 et 100 000 phlébites, également appelées thromboses veineuses. Or une thrombose veineuse profonde (TVP) non détectée peut être responsable d’une embolie pulmonaire, la troisième cause de décès d’origine cardio-vasculaire après l’AVC et l’infarctus du myocarde. Fort heureusement, certains examens, dont des analyses sanguines, permettent d’établir un diagnostic en amont.

Qu’est-ce qu’une thrombose ?

 La phlébite et l’embolie pulmonaire relèvent de la même pathologie appelée maladie thrombo-embolique veineuse (ou MTEV), qui a pour origine la formation d’un caillot de sang – ou thrombus – dans la circulation sanguine, généralement au niveau des membres inférieurs. Quand ce caillot se forme dans une veine superficielle, on parle de phlébite superficielle ou paraphlébite ; quand il se forme dans une veine profonde, on parle de phlébite profonde. Selon qu’elle soit superficielle ou profonde, la thrombose n’a pas la même gravité. La paraphlébite peut entraîner des complications locales dermatologiques, comme une dermite ocre ou un ulcère variqueux, ainsi qu’une une gêne fonctionnelle. Elle peut aussi se compliquer en thrombose veineuse profonde. Dans le cas d’une phlébite profonde, le caillot peut migrer accidentellement jusqu’à l’artère pulmonaire et l’obstruer, provoquant alors une embolie pulmonaire qui engage le pronostic vital du patient et doit être traitée en urgence absolue.

L’apparition de la MTEV est favorisée par 3 facteurs :

  • UNE STASE VEINEUSE – ou ralentissement de la circulation sanguine dans les membres inférieurs – due à une insuffisance veineuse, au port d’un plâtre ou encore à un alitement ou une immobilisation prolongée, par exemple un voyage de plus de 4 heures.
  • UNE HYPERCOAGULABILITE DU SANG, qu’elle soit liée à une prédisposition génétique, à une maladie ou à la prise de certains médicaments thrombogènes (favorisant la thrombose) comme les corticoïdes et certains traitements hormonaux ou contraceptifs.
  • UNE PAROI DES VEINES (ENDOTHELIUM) altérée suite à une inflammation, une intervention chirurgicale, une blessure.

La grossesse, l’obésité, le tabagisme et l’avancée en âge favorisent également la formation d’un thrombus, de même que des antécédents de MTEV, d’infarctus du myocarde, d’insuffisance cardiaque ou d’accident vasculaire cérébral (AVC). Il semblerait que la thrombose veineuse superficielle soit une complication de l’insuffisance veineuse, alors que la thrombose veineuse profonde résulterait principalement de l’hypercoagulabilité.

Symptômes et diagnostic 

Certains symptômes peuvent indiquer l’apparition de la thrombose veineuse, mais ne sont malheureusement pas systématiquement présents et pas toujours facilement identifiables. La phlébite peut même être asymptomatique.

Les signes qui doivent vous alerter et vous amener à consulter rapidement :

  • Douleur spontanée et d’apparition brutale dans un membre inférieur
  • Œdème, même léger, sur la jambe atteinte
  • Durcissement à la palpation
  • Rougeur ou réchauffement de la zone
  • Dilatation des veines sous-cutanées avec parfois une cyanose (couleur bleutée).
  • Fièvre légère (38°C)

Le diagnostic est souvent difficile et exige une investigation associant imagerie médicale et dosage de marqueurs sanguins. Lorsque le médecin suspecte une thrombose veineuse profonde, il va prescrire un bilan sanguin pour mesurer :

  • le dosage sanguin des D-dimères, qui proviennent de la dégradation de la fibrine des caillots. Un taux élevé de D-dimères dans le sang indique l’existence d’une activation de la coagulation et donc la formation de caillots.
  • les gaz du sang pour estimer le niveau d’oxygénation du sang au niveau des poumons.
  • la troponine, un ensemble de protéines qui interviennent dans la régulation de la contraction musculaire. Un taux élevé de troponine dans le sang peut être le signe d’une lésion du myocarde.
  • le peptide natriurétique de type B, ou BNP(pour Brain Natriuretic Peptide), une protéine sécrétée par les cellules musculaires du cœur (myocytes). Son taux est majoré lorsque le muscle cardiaque est en souffrance.

Le médecin va également demander un écho-doppler, un examen d’imagerie médicale non invasif qui utilise des ultrasons pour observer la qualité de la circulation veineuse : mesure de la taille des vaisseaux et de l’épaisseur de leur paroi, mesure du débit sanguin, …

Comment soigner une thrombose ?

Plus de 80% des phlébites ne nécessitent pas d’hospitalisation. Le traitement va surtout viser à réduire les symptômes, éliminer le risque d’embolie pulmonaire et à éviter le syndrome post-thrombotique, une insuffisance veineuse chronique pouvant altérer fortement par la suite la qualité de vie du patient.

Ce traitement va consister en :

  • un traitement anticoagulant par voie orale ou en injection selon la nature et la gravité de la thrombose
  • de la compression veineuse élastique externe à l’aide de bas ou de chaussettes de contention.

Comment prévenir une thrombose ?

Quelques précautions et mesures d’hygiène de vie permettent, si ce n’est d’exclure toute apparition de thrombose, d’en limiter au moins les risques de survenue.

  • Pratiquer une activité physique régulière, par exemple la marche, qui déclenche un mécanisme de renvoi du sang vers le cœur à chaque pas.
  • Éviter le surpoids.
  • Porter des chaussettes ou des bas de contention de classe 2 si vous êtes enceinte ou souffrez d’insuffisance veineuse (vous faire opérer en cas de varices).
  • Éviter les immobilisations prolongées. Par exemple, en cas de voyage en avion, boire beaucoup d’eau pour éviter la déshydratation et porter de la contention quel que soit votre âge et votre sexe.
  • Éviter la contraception orale en présence d’autres facteurs favorisants.
  • Faire examiner vos pieds. S’ils sont plats ou trop creux, cela diminue l’efficacité de la marche sur le retour veineux, d’où la recommandation de porter des semelles orthopédiques.
  • En cas d’intervention chirurgicale, d’alitement prolongé, ou de plâtre, prendre sur avis médical un traitement préventif de la MTEV.

Fort heureusement, la recherche en matière de thrombose veineuse avance et s’intéresse à 3 grandes questions : identifier les facteurs génétiques de risque, prévenir les risques de récidive grâce à des marqueurs biologiques, traiter la thrombose en maîtrisant encore davantage le risque hémorragique liée aux anticoagulants.

Sources

Fédération française de cardiologie : https://www.fedecardio.org/sites/default/files/2019-Phlebite-Embolie-pulmonaire-Web.pdf

Inserm : https://www.inserm.fr/information-en-sante/dossiers-information/thrombose-veineuse-phlebite

Crédit photo Paulina Torres